mardi 5 février 2013

Prendre le temps de souffler (dans un ballon)


Comme chaque samedi de cette année 2013, ma fille et moi avons programmé notre séance Ciné Classic en piochant dans la liste. Pour la première fois, j'ai tenté une découverte avec Le Ballon Rouge, un moyen métrage d'Albert Lamorisse que je ne connaissais pas.



"Ca parle d'un petit garçon et un ballon rouge. Le début commence avec un petit garçon qui marche dans la rue, il a trouvé un ballon rouge. Il grimpe et il attrape le ballon rouge. Il voulait monter dans le bus mais il peut pas, on a pas le droit d'avoir un ballon dans le bus. Donc il court, court jusqu'à l'école. Il arrive en retard à l'école et demande au Monsieur de tenir son ballon et dit au ballon "Reste sage, ballon rouge"
J'ai bien aimé l'histoire parce que le petit garçon est heureux avec son ballon rouge"
(Résumé selon ma fille)

Un trésor inestimable

Il y a d'abord la Dora volante (faut bien vivre avec son temps)  qui doit, à mon avis, produire un chant inaudible pour les adultes mais particulièrement convaincant pour les enfants. Il y a ensuite la parade de l'enfant et de son ballon, aussi fier qu'un italien au volant de sa Ferrari (Lolo ou non). Il y a enfin le drame du ballon éclaté, celui qui rend superficiel le chagrin d'avoir perdu sa maison dans un affreux incendie le jour de Noël avec les hamsters coincés dedans.

Albert Lamorisse ne pouvait pas se tromper en prenant un ballon comme acteur principal, et il s'agit bien d'un acteur puisqu'il ne se contente pas d'être tiré et balancé au gré du vent et de la main de l'enfant. Loin d'être passif, le ballon décide, s'amuse, se révolte, prend parti et tombe même amoureux.

En regardant Le ballon Rouge, les enfants ne s'étonnent jamais qu'un ballon puisse avoir sa propre volonté. Ils l’intègrent immédiatement comme si tous les ballons du monde fonctionnaient de la même façon (d'où peut être le drame du ballon éclaté). Ne vous privez pas de voir ce film avec votre enfant, quand vous verrez l'air de victoire illuminer son visage avec la scène finale, vous comprendrez.

Une photographie des temps passés

Adulte, il faut respirer l'hélium d'un ballon pour pouvoir se marrer avec. C'est à se demander qui est le plus puéril entre le môme et le parent. Alors que l'enfant vit le film, l'adulte le revit, conscient du sentiment d'avoir irrémédiablement perdu son enfance et d'avoir passé le flambeau. Il paraît qu'on appelle ça Nostalgie.

Lamorisse est un Doisneau qui filme. Chaque plan est une photographie soignée du Paris des années 50, on y découvre un Ménilmontant terriblement attachant de terrains vagues, immeubles délabrés et petits commerces. Comme quoi, même les français peuvent regretter la baguette sous le bras et le béret sur la tête. Il paraît qu'on appelle ça Nostalgie.

Au moment où beaucoup d'entre vous s'interrogent sur la réforme des rythmes scolaires et la façon dont on va occuper les petits écoliers, je propose qu'ils consacrent déjà 35 minutes de leur nouveau temps à regarder Le ballon Rouge, un film qui les élèvera là-haut, tout là-haut.

Albert Lamorisse est également l'inventeur du jeu de société Risk. On peut donc garder son âme d'enfant et vouloir conquérir l'Europe entière à coups de dés.

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